LE MYSTÈRE DE LA TÊTE DE FAUCON

Tout commence vers 1343 avant J.-C., lorsque Amenhotep IV, futur Akhenaton, accède au trône. Rapidement, il entreprend une réforme religieuse sans précédent. Il abandonne le polythéisme, croyance traditionnelle en une multitude de dieux, pour instaurer un culte exclusif dédié à Aton, le disque solaire. Pour marquer cette révolution, il change son nom en Akhenaton, qui signifie « Celui qui est utile à Aton », et construit une nouvelle capitale, Akhetaton (aujourd’hui Amarna), entièrement dédiée à ce dieu.

Cette réforme ne bouleverse pas seulement les croyances religieuses : elle fragilise également le pouvoir des prêtres d’Amon, très influents à Thèbes, en concentrant toute l’attention sur Aton. Cependant, cette révolution religieuse ne survivra pas à Akhenaton. Après sa mort toute trace de cette réforme sera effacée. La statue à tête de faucon pourrait être directement liée à cette période troublée. Ses avant-bras, brisés depuis des siècles, semblent avoir tenu un objet qui a été détruit intentionnellement.

Pourquoi cet objet a-t-il disparu ? Les historiens pensent que, après la mort d’Akhenaton, ses successeurs, comme Toutankhamon, ont restauré le polythéisme traditionnel et ont cherché à effacer toute trace de sa réforme. Les monuments, les statues et les symboles associés à Akhenaton furent détruits pour faire oublier son règne. Cette statue pourrait être l’un des rares témoins ayant survécu à cette volonté d’effacement.

Cette statue exceptionnelle, sculptée dans du quartzite, provient des fouilles menées par l’archéologue Auguste Mariette dans le temple de Khonsou à Karnak. Offerte en 1863 au futur roi Léopold II par Saïd-Pacha, dirigeant égyptien de l’époque, elle est un témoin remarquable du Nouvel Empire, datant probablement de la fin de la 18e dynastie, juste avant le règne d’Akhenaton ou au début du règne de celui-ci.

Représentant un dieu anthropomorphe à tête de faucon, cette œuvre mystérieuse pourrait provenir du temple funéraire d’Amenhotep III, père d’Akhenaton. Chaque détail de la statue raconte une histoire, faisant écho à une époque où l’art et la spiritualité étaient intimement liés.

Transférée au Musée du Cinquantenaire en 1914, la statue a traversé les épreuves du temps avec une résilience impressionnante. En 1946, un incendie dévastateur ravage le musée, détruisant la majorité des collections. Pourtant, cette statue majestueuse a miraculeusement survécu, portant les marques de son voyage à travers les siècles.

Après plus de 2 500 ans, un périple par bateau, un incendie, et plusieurs déménagements, cette pièce emblématique des collections égyptiennes continue de fasciner. Elle incarne non seulement la grandeur de l’Égypte antique, mais aussi la capacité des trésors historiques à résister aux épreuves du temps.



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