L’HÉRITAGE SCULPTÉ DES KWAKWAKA’WAKW

Calvin A. Hunt, né en 1956 à Alert Bay en Colombie-Britannique, est bien plus qu’un artiste talentueux : il est un chef héréditaire Kwakwaka’wakw, gardien du savoir et un pilier de la préservation culturelle de son peuple. 

Dès l’âge de 12 ans, il commence à sculpter. Son talent s’exprime dans la création de totems monumentaux, masques, insignes et pièces cérémonielles, qui incarnent les riches traditions des Kwakwaka’wakw. Parmi ses œuvres les plus marquantes, on trouve le Costume de Danse de l’Oiseau-Tonnerre, commandé par le Musée d’Anthropologie de l’Université de Colombie Britannique à Vancouver en 1982, mais aussi un majestueux mât totémique, sculpté à Bruxelles, à partir d’un tronc de cèdre rouge abattu lors d’un rituel au Canada. 

Le mât représente le Géant cannibale, une figure clé de la société Hamatsa, une confrérie prestigieuse au cœur des traditions hivernales des Kwakwaka’wakw. Lors de ces rassemblements, les jeunes étaient initiés à travers des fêtes et des danses spectaculaires, où des hommes masqués, les Hamsamala, incarnaient les esprits liés à l’Esprit-Mangeur-d’Hommes.

Quatre masques impressionnants accompagnent le mât :

  • Galukwamt, un masque au bec crochu ;
  • Huxwhukw, un oiseau au long bec ;
  • Bak bak, à la tête carrée ;
  • Le Corbeau, symbole puissant lié à la création du monde.

Aujourd’hui, ce mât et ces masques témoignent de la richesse culturelle des Kwakwaka’wakw et invitent les visiteurs du musée d’Arts et Histoire, à découvrir un univers où l’art et la spiritualité se mêlent pour raconter des histoires profondément enracinées dans les traditions.

Meet calvin A. Hunt : https://spiritsofthewestcoast.com/collections/calvin-a-hunt

Quand la danse Hamatsa prend vie
Chez les Kwakwaka’wakw, une communauté de la côte Nord-Ouest du Canada, la danse Hamatsa est l’une des traditions les plus importantes, transmise au sein de certaines familles. Elle met en scène le mythe de Baxwbakwalanuksiwe’, l’esprit mangeur d’hommes, et retrace l’histoire de l’initié capturé, apaisé, puis réintégré dans la communauté.

Autrefois, l’initiation du Hamatsa était un rituel impressionnant. L’initié, considéré comme possédé par l’esprit mangeur d’hommes, passait des mois isolé dans les bois, criant « Hap! Hap! » en approchant du village, un son lié au mot « manger ». Lors de son retour, les guérisseurs le capturaient pour commencer son apaisement. La cérémonie débutait avec le bruit des madzis, des sifflets imitant les sons produits par Baxwbakwalanuksiwe’ en marchant dans la forêt, un écho de ses multiples bouches.

Aujourd’hui, le rituel est différent. L’initié entre par la porte principale, vêtu de branches de pruche (sapin) et accompagné d’une auxiliaire, la Hiligaxste’, qui l’aide à se calmer. Des assistants, armés de hochets, l’entourent pour atténuer son excitation. Peu à peu, son costume de pruche est remplacé par des insignes en écorce de cèdre rouge, symbole de son nouveau statut. Ainsi vêtu, il danse autour du feu, criant à intervalles réguliers le fameux « Hap! Hap! ». Pendant ce temps, le claquement des becs en bois des oiseaux Hamsamł, les auxiliaires du mangeur d’hommes, résonne dans la maison.

La danse Hamatsa reste une célébration spectaculaire, où le mythe prend vie pour rappeler à tous l’importance des traditions et de l’histoire des Kwakwaka’wakw.

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